La première femme de couleur dans l’espace en hologramme au musée
Connaissez-vous l’identité de la première astronaute femme de couleur à avoir voyagé dans l’espace ? Elle s’appelle Mae Jemison, et vous pouvez maintenant faire sa connaissance au « Intrepid Sea, Air and Space Museum » de New-York, sous la forme d’un hologramme.
L’installation holographique a pour but de mettre en avant la diversité dans l’exploration spatiale, en mettant en scène l’astronaute noire américaine qui a exploré l’espace pour la première fois en 1992. L’hologramme est installé sous le vaisseau spatial appelé « Entreprise » qui est exposé au musée, et apprend ou rappel au public que les femmes ont joué un rôle capital dans la conquête de l’espace et dans les recherches qui y sont liées. La représentation holographique en trois dimensions de l’astronaute apparaît à taille humaine, et s’exprime devant les spectateurs avec la voix enregistrée de Mae Jemison. Sa voix raisonne, et l’hologramme parle de son enfance, en expliquant qu’elle suivait l’exploration spatiale de près, mais qu’elle était toujours embêtée par le fait qu’aucune femme n’était mise en avant. Son entourage essayait de lui expliquer pourquoi, mais elle savait qu’ils avaient tort. Et il semble bien qu’elle ait décidé de leur prouver, et qu’elle y soit parvenu avec brio !
Cette installation au musée naval et aérospatial de New-York est intitulée « Defying Gravity: Women in Space », comprenez « Défier la Gravité : Les Femmes dans l’Espace », et elle met en scène Mae Jamison habillée en habit de tous les jours, qui parle de son expérience personnelle, de sa mission dans l’espace, mais aussi des autres femmes qui furent impliquées dans les recherches et les travaux relatifs à l’exploration spatiale.
Cet hologramme a été inauguré le 22 septembre dernier, le jour du « Museum Day », un événement qui rend gratuite l’entrée à plus de 1 500 musées aux Etats-Unis.
L’hologramme de l’astronaute est visible grâce au fameux casque de réalité mixte : Le Microsoft Hololens, Microsoft étant un des sponsors officiels du musée. Si vous nous suivez depuis un certain temps, vous êtes certainement familier avec le concept de réalité mixte, qui ajoute des images dans un environnement existant, et qui se démarque donc de la réalité virtuelle qui coupe complètement le spectateur de son environnement réel.
Une fois le casque installé sur la tête des spectateurs, ces derniers peuvent se déplacer autour de l’hologramme tout en l’écoutant parler de son expérience et de son histoire.
Pendant que le rendu 3D de Mae s’exprime, l’hologramme change, et montre entre autres une scène à taille réelle d’une astronaute qui se déplace dans l’espace, et qui semble reliée à la réplique du vaisseau spatial au-dessus de l’installation holographique.
Parmi les autres femmes qui ont contribué à la recherche spatiale, l’astronaute Mae évoque Katherine Johnson, qui a calculé la position des étoiles à la main il y a un siècle, ou encore Patricia Cowings, qui a aidé les astronautes à se réadapter à la vie sur terre après un voyage spatial grâce à ses compétences en tant que psychophysiologiste, mais aussi Peggy Whitson, l’astronaute qui avait le record du monde de temps cumulé passé dans l’espace lorsqu’elle a démissionné de la NASA l’année dernière. L’hologramme de Mae montre donc que les femmes ont toujours été des alliés très important dans les recherches spatiales, malgré le fait qu’elles aient rarement été mises en avant.
Le lieu de l’installation, le « Intrepid Museum » de New-York, est un musée bien spécial. Il est situé sur et dans le porte-avion du même nom ( le USS Intrepid), amarré le long de l’Hudson River. On y trouve de nombreux véhicules qu’il est difficile de voir ailleurs, comme les F 16, des hélicoptères de combats, une concorde, une navette spatiale, etc.
L’équipe qui s’est occupé de l’installation holographique de Mae Jemison a expliqué que le lieu était parfait pour ce type de création. Sarah Ibrahim est la directrice technique de « Listen. », l’agence qui a travaillé avec Microsoft pour ce projet un peu spécial. Elle s’est exprimée sur le sujet en disant que le musée regorgeait de choses à voir et à découvrir, et que c’était un environnement parfait pour inclure des hologrammes et des expériences de réalité augmentée. Elle a aussi donné son avis sur l’astronaute Mae Jemison, en disant qu’elle était un parfait exemple de femme qui s’est battu toute sa vie pour ses rêves et pour être là où elle est aujourd’hui, et qui continue de faire des efforts et de contribuer à de nouvelles expériences intéressantes et enrichissantes, comme cette installation holographique.
En effet, l’astronaute a dû passer du temps à San Francisco, au studio de réalité mixte de Microsoft, pour enregistrer son hologramme à l’aide de 106 caméras braquées sur elle simultanément.
Elle a décrit cette expérience avec humour, en disant qu’elle l’avait trouvé mentalement inconfortable, car elle n’avait pas l’habitude d’être photographiée sous tous les angles, surtout en sachant que le résultat serait visible par des foules énormes, et que l’installation resterait en place pendant longtemps !
Sur scène pendant l’événement, l’astronaute aujourd’hui retraitée a évoqué son enfance à Chicago, et le fait qu’à la garderie déjà, elle savait qu’elle voulait devenir une scientifique. Elle a toujours trouvé stupide le fait qu’il n’y ai pas de femme astronaute pendant sa jeunesse, et elle a toujours su qu’elle avait ce qu’il fallait pour faire partie des quelques individus clé dans la recherche et l’exploration spatiale.
Elle se souvient également de l’année 1963, pendant laquelle la première femme est allée dans l’espace. Il s’agissait de l’astronaute russe Valentina Terechkova. Cet événement l’a évidemment conforté dans son idée que le monde allait changer, et que les femmes allaient prendre la place qu’elles méritaient dans la conquête spatiale.
Son parcours est plutôt impressionnant. Elle a intégré l’université de Stanford à l’âge de 16 ans, avant de suivre des études de médecine à l’université de Cornell. Après avoir reçu son diplôme haut la main, il a fallu choisir une orientation. Son envie de découvrir le monde et d’aider les gens l’a poussé vers des zones du monde assez peu attrayantes au premier abord: elle a travaillé en Sierra Leone et au Liberia, en tant qu’officier médical. Mais changer de continent ne semblait pas lui suffire, c’est pourquoi elle a contacté le centre spatial Johnson à Houston au Texas, pour expliquer qu’elle voulait devenir astronaute. Suite à cela, elle explique que la NASA lui a fait parvenir un document à remplir pour se présenter en tant que candidate, ce qu’elle a évidemment fait au plus vite, et ce qui lui a permis d’être sélectionnée pour le programme en 1987.
Comme on le disait plus haut, son premier voyage dans l’espace à bord du vaisseau « Endeavor » remonte à 1992, soit cinq ans après avoir rejoint le programme de la NASA. Elle en a parlé lors de l’événement au musée, et a précisé qu’elle se souvenait de voir sa ville natale en regardant par la fenêtre de la navette après le lancement. Elle a trouvé ça absolument incroyable, et cela lui a rappelé la carte de Chicago qu’elle étudiait quand elle était enfant. Elle s’est souvenue que quelques années avant de voyager dans l’espace, elle n’était qu’une petite fille qui regardait le ciel avec envie… Un beau message d’espoir, et une preuve qu’avec de la volonté et du travail, on peut accomplir de grandes choses, allant jusqu’à explorer le cosmos, et même se voir sous la forme d’un hologramme dans un musée !
Sa mission a duré huit jours, et elle était en charge de plusieurs expériences en tant que spécialiste scientifique. Son hologramme parle d’une de ces expériences, qui consistait à vérifier si les embryons de grenouille pouvaient s’organiser normalement dans l’environnement spatial et son apesanteur, puisque sur terre, ils ne peuvent se transformer en têtards que dans des conditions assez précises. Les résultats de cette expérience furent positifs, montrant que les embryons s’organisaient normalement.
Évidemment, la contribution de Mae ne s’arrête pas à l’étude des têtards en apesanteur. Pendant toutes ces années au service de la NASA, elle a fait partie de nombreux projets d’envergure différentes. Aujourd’hui, elle s’exprime régulièrement en public pour dire que des femmes et des individus en tous genre, au passé et aux horizons différents, devraient avoir l’opportunité de travailler sur des projets en relation avec la recherche spatiale et autres sujets dans ce style. D’après elle, il est important de mobiliser tous les talents disponibles si nous voulons avoir accès aux meilleures technologies, aux meilleurs résultats, et aux solutions les plus efficaces dans de nombreux domaines.
On peut estimer que cela inclue le monde des hologrammes, dans lequel, on le sait déjà, les femmes jouent un rôle important à tous les niveaux. Des artistes féminins comme Rihanna utilisent des hologrammes pour mettre en avant certains de leurs projets, des mamans enregistrent des souvenirs de leurs bambins sous la forme d’hologrammes, des hommes vont même jusqu’à créer des hologrammes de femmes pour leur tenir compagnie… Bref, les femmes sont actives dans le secteur des hologrammes, et il semblerait bien qu’elles aient décidé de le rester.